Tribune Baudouin Delforge (Sgbcp) : « L’agriculture est une filière d’avenir ! »
La 53e Bourse de Commerce Européenne organisée à Paris par le Syndicat Général de la Bourse de Commerce de Paris (Sgbcp) a fermé ses portes le 11 octobre dernier, après deux jours d’échanges et de rencontres entre plus de 3.400 professionnels internationaux des métiers des grains réunis pour l’occasion. Voici la tribune de Baudoin Delforge, président du Sgbcp.
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« Les niveaux de tensions des marchés se multiplient, on le voit encore avec les cours qui viennent de remonter cette semaine. La sécurité alimentaire, reste à l’ordre du jour avec la croissance de la population et les incidents climatiques tandis que la réduction des stocks de matières premières agricoles alimente les craintes.
La France a-t-elle sa responsabilité dans cette course à la volatilité sur les marchés ? Non, si elle stabilise et augmente son offre mondiale. Elle doit anticiper, innover pour produire mieux et plus. Maîtriser les risques de volatilité passe par la création d’outils de régulation et par le stockage des denrées agricoles. Ainsi, fin juillet 2013, la loi de régulation et de séparation des activités bancaires a enfin été adoptée en France. Cette loi interdit aux banques de spéculer pour leur compte propre sur les dérivés de matières premières agricoles de façon à renforcer la lutte contre la spéculation sur les marchés. Mais la spéculation persiste car elle est alimentée par l’excès de liquidité par rapport à ce qu’il faudrait comme contrepartie des ventes physiques dont on souhaite garantir le prix.
L’agriculture, priorité stratégique de l’économie française
Nous devons améliorer la qualité de notre offre et renforcer notre image « origine France » encore souvent déficitaire sur les marchés extérieurs. Trop freinée par le principe de précaution, la recherche variétale doit être soutenue pour rivaliser avec les pays exportateurs. La filière céréalière française doit être dynamique et réactive pour continuer à relever les défis mondiaux que nous imposent les pays émergents. La France doit rester compétitive pour conserver son rang de première puissance agricole en Europe.
Son agriculture a une portée de plus en plus stratégique. En a–t-elle conscience ? D’autres pays comme la Russie, la Chine ou l’Afrique en ont pris conscience depuis les années 2000. Le rôle de l’agriculture est prioritaire dans l’économie mondiale et dans la stabilité politique. Quand l’Europe dont la France en feront-elles autant ? La Pac doit continuer à répondre aux besoins de ce secteur économique qui, à travers les industries agroalimentaires, contribue de façon déterminante à la croissance, à l’emploi et au solde commercial extérieur. La France doit maintenir ce cap lors des négociations et continuer à se battre pour le maintien des budgets européens et plus largement pour la compétitivité de la filière céréalière française. La filière élevage doit certes aussi être soutenue mais « déshabiller Paul pour habiller Jacques » n’a jamais été efficace à long terme.
Tourner le dos à la volatilité pour promouvoir la filière céréalière française
Le marché des produits agricoles est par nature intimement lié à son environnement extérieur. Son évolution et ses aléas dépendent-ils seulement des effets du réchauffement climatique ? Non. La financiarisation des marchés agricoles est toujours très présente. Et avec elle, celle de la transparence des marchés qui est déjà acquise à Chicago alors qu’elle est toujours en débat en Europe.
La libéralisation des marchés agricoles et la sécurité alimentaire vont-ils de pair ? … voici encore une question qui divise. En effet, force est de constater que des voix s’élèvent pour dénoncer les effets néfastes de la dérégulation des marchés et ses dérives spéculatives. La prise de conscience de la nécessité de lutter contre la volatilité des prix agricoles a vu le jour lors du G20 agricole en 2011. Il faudra encore en débattre lors de la prochaine conférence de l’Omc à Bali début décembre 2013. La place de l’agriculture française est précieuse, nos concurrents et confères à l’international le savent. Soyons vigilants ! »
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